Les données collectées et bancarisées en Ile-de-France
Au 31 décembre 2015, l’inventaire SAPROX recense 44 412 données pour le territoire de l’Ile-de-France concernant 849 espèces et 61 familles.
En 2013, en comparant la liste des espèces saproxyliques de France et la bibliographie (catalogues, ouvrages d’identification, inventaires), une liste de 989 espèces franciliennes saproxyliques (obligatoires) a été arrêtée, soit 63 familles et 50,3 % des espèces de la faune de France. Une telle proportion comparable à ce qui avait été constaté pour les Lépidoptères (Papillons) lors d’analyses équivalentes réalisées quelques années auparavant par le Groupe d’inventaire des Lépidoptères d’Ile-de-France (Gilif). Cette liste constitue la référence pour la faune attendue pour la région.
Carte de la répartition des données au niveau communal
-Cette partie de l’analyse est réalisée avec le jeu de donnée de 2013 – comportant 32 000 données-
Une première représentation cartographique de la distribution des données (données d’occurrence), montre une couverture assez complète de la région. Les principaux massifs forestiers ont des données associées. Les massifs moins importants semblent peu documentés tels que le massif de Villefermoy, l’est du massif de la Forêt de Ferrière, en Seine-et-Marne et les boisements du nord du Val-d’Oise. Des territoires peu forestiers présentent des données entomologiques, tel que les parcs départementaux de Seine-Saint-Denis, les boisements du nord-est de la Seine-et-Marne et les boisements à l’ouest, proche de la capitale. Ces espaces ont moins mobilisés les entomologistes, des lacunes apparaissent dans les secteurs à la périphérie de la région (la Plaine de France entre L’Isle-Adam et Dammartin-en-Goële, le centre de la Seine-et-Marne, et une grande partie du département de l’Essonne, pourtant riche en vallées et boisement humides.
Le jeu de données est constitué d’observation entre 1900 et 2013, cependant le nombre de données est très inégalement répartit entre les différentes périodes. Avant 1990, seulement 3 000 données collectées et bancarisées, contre 29 000 après cette date. 1990 est donc considérée comme la date des premiers inventaires commandés par des gestionnaires auprès des entomologistes. Avant 1990, la prospection entomologique était orientée et influencée en fonction des connaissances sur la localisation de telle ou telle espèce, mais aussi des sites accessibles notamment par les transports ferroviaires (présence d’une gare notamment). Il n’y avait pas ou peu de recherche de l’inconnu.
Il est possible de comparer la répartition des observations avant et après 1990.
Avant 1990, les observations entomologiques étaient particulièrement concentrées en forêts de Fontainebleau et de Saint-Germain car elles étaient accessibles via le train (figure-ci-dessous).
Après 1990, la forêt de Saint-Germain semble délaissée, et si la forêt de Fontainebleau attire encore, de nouveaux secteurs apparaissent comme très prospectés, la nette dispersion des observations après 1990 est manifeste (figure ci-dessous).
Une analyse thématique du taux d’évolution révèle l’importance des inventaires commandés par les collectivités territoriales (région et départements) dans l’acquisition de connaissances sur le territoire francilien (figure ci-dessous).
Les entomologistes ont largement gagné en mobilité depuis la Seconde Guerre mondiale (démocratisation de l’automobile, amélioration des réseaux routiers), ce qui a facilité l’accès à des sites éloignées. Les hauts-lieux de l’entomologie ont continué à être étudiés en priorité.
Plus récemment, les études commandées par la Région (au travers de l’AEV) et par les collectivités départementales Seine-Saint-Denis (Observatoire départemental de la biodiversité urbaine – ODBU), de Seine-et-Marne (Atlas de la biodiversité) et du Val-d’Oise ont permis d’affiner nos connaissances sur l’ensemble du territoire et d’obtenir un échantillonnage spatial plus large.
Une éventuelle montée en puissance de la compétence en identification des espèces n’est pas évaluée comme un facteur déterminant. Le taux d’erreur dans les collections semble très peu évoluer dans le temps. En revanche, les méthodes de collectes ont subi de grandes évolutions tant du point de vue technique (piège d’interception) que du point de vue des motivations (inventaire commandé).
Carte de la répartition des données au niveau départemental
À une échelle départementale, la Seine-et-Marne est le territoire le plus riche. Outre la présence de la forêt de Fontainebleau, plusieurs inventaires et études sont venus alimenter la liste des espèces connues de ce département. Viennent ensuite les départements de la grande couronne, puis ceux de la petite couronne. Les données pour ces deniers et en particulier de Paris sont encore lacunaires, et certaines n’ont pu être prises en compte lors de la réalisation des cartes.
Dans un contexte très fortement urbanisé et/ou minéralisé, la Seine-Saint-Denis abrite plus de 250 espèces. Ce territoire peu favorable aux Coléoptères saproxyliques est un bon candidat pour fixer une valeur minimale du nombre d’espèces de Coléoptères saproxyliques avant de déclarer un département bien connu au niveau national.
Évolution des données depuis le début de l’inventaire
Évolution du nombre de données au cours du temps ( date de versement)
SAPROX a bénéficié d’un premier fond de données dès son lancement : des lots de données sont transmis spécifiquement et alimentent le projet, en plus des données déjà existantes dans les bases de données de l’INPN et de l’Opie. Cela explique l’augmentation brutale dès la mise en place du projet. Un travail important de mise en forme des données a été nécessaire. La réactivité des partenaires a été très forte.
Évolution du nombre de données au cours du temps (date d’observation)
La courbe des données recueillies en fonction de la date d’observation montre que les données antérieures à 1995 sont difficiles à mobiliser car elles n’existent pas sous format numérique (carnet de chasses, publications, ou collections). La numérisation des données de la revue l’Entomologiste fourni l’essentiel des données antérieurs à 1980.
La mise en place d’une numérisation en temps réel (tableurs ou bases de données) permet actuellement une mobilisation rapide des données.
La diminution des données postérieures à 2012, est associée au versement des grands jeux de données par les partenaires de SAPROX dès le début du projet et d’une temporisation avant le versement des mises à jours par rapport à ces jeux de données.
La répartition des données par familles
Parmi les données actuelles, on retrouve plus de 90 % des espèces de la liste de référence des Coléoptères saproxyliques d’Ile-de-France. On observe cependant des écarts significatifs. Ainsi, 47 familles sont représentées par toutes leurs espèces ou presque (familles complètes), 9 familles sont représentées par 75 à 90 % de leurs espèces (familles presque complètes) et enfin 7 familles présentent des lacunes importantes avec moins de 75 % des espèces (familles incomplètes).
La complétude des familles ne renseigne pas sur le nombre de données disponibles par familles, certaines étant plus difficiles à observer ou à identifier. Le nombre moyen d’observations pour une espèce (47 données) nous sert de valeur de référence pour d’identifier les familles qui sont plutôt bien représentées dans les données et celles qui sont plutôt sous-représentées.
Les familles très bien représentées dans les données sont les Biphyllidae, Cerylonidae, Erotylidae, Eucnemidae, Lucanidae, Lymexylidae, Mycetophagidae, Pyrochroidae, Salpingidae, Silvanidae, Sphindidae et les Throscidae.
Les familles bien représentées dans les données sont les Anthribidae, Cerambycidae, Cleridae, Cucujidae, Dryophthoridae, Elateridae, Histeridae, Monotomidae, Mordellidae, Scarabaeidae, Tenebrionidae, Trogidae, Trogossitidae et les Zopheridae.
Ces deux premiers groupes, sont assez facilement accessibles du point de vue de l’identification ou comptent peu d’espèces que l’on rencontre assez fréquemment. Ils représentent un tiers des familles.
Les familles qui se trouvent être en déficit (ou même en grand déficit) de données le sont pour des raisons très variées : rareté écologique ou géographique, faible détection aux pièges, difficulté d’identification, manque de considération comme une famille saproxylique (par exemple les Oedemeridae)…
Les familles en déficit de données sont les Bothrideridae, Carabidae, Cerophytidae, Clambidae, Curculionidae, Lycidae, Melandryidae, Melyridae, Nitidulidae, Oedemeridae, Ptinidae, Scraptiidae et les Tetratomidae.
Les familles en très grand déficit de données sont les Aderidae, Alexiidae, Bostrichidae, Buprestidae, Cantharidae, Ciidae, Corylophidae, Cryptophagidae, Dermestidae, Derodontidae, Dryopidae, Elmidae, Endecatomidae, Endomychidae, Eucinetidae, Laemophloeidae, Leiodidae, Nosodendridae, Phloiophilidae, Prostomidae, Ptiliidae, Pythidae, Scirtidae et les Staphylinidae.
Les priorités en termes d’acquisition de données par familles sont à orienter vers celles d’identification aisée mais qui sont peu présentes dans le jeu de données telles que les Anthribidae, Oedemeridae ou Dermestidae. Les familles un peu plus délicates d’identification, mais assez facilement collectées par les entomologistes amateurs et professionnels, telles que les Buprestidae, Tenebrionidae, peuvent également faire partie des priorités bien qu’il s’agisse pour ces dernières de familles avec une forte affinité méridionale.
Pour d’autres familles, c’est une mise à disposition d’expertises et de documentation qui pourra favoriser l’acquisition de données.
L’analyse des données par famille est disponible en téléchargement
L’Ile-de-France, malgré sa faible surface et son urbanisation intense est un carrefour biogéographique qui a su préserver au moins pour un temps une faune de Coléoptères saproxyliques diversifiée en particulier grâce aux nombreuses forêts présentes sur le territoire, forêts qui ne font pas l’objet d’une gestion uniforme.
Les données disponibles pour l’Ile-de-France peuvent être consultées comme les données du niveau national sur le site de l’INPN au travers de la plateforme OpenObs.